cultivons notre jardin intérieur
« Un jour il voyait des gens du pays très occupés à arracher des orties.
Il regarda ce tas de plantes déracinées et déjà desséchées, et dit : - C'est mort. Cela serait pourtant bon si l'on savait s'en servir.
Quand l'ortie est jeune, la feuille est un légume excellent ; quand elle vieillit, elle a des filaments et des fibres comme le chanvre et le lin. La toile d'ortie vaut la toile de chanvre.
Hachée, l'ortie est bonne pour la volaille ; broyée, elle est bonne pour les bêtes à cornes. La graine de l'ortie mêlée au fourrage donne du luisant au poil des animaux ; la racine mêlée au sel produit une belle couleur jaune. C'est du reste un excellent foin qu'on peut faucher deux fois.
Et que faut-il à l'ortie ? Peu de terre, nul soin, nulle culture. Seulement la graine tombe à mesure qu'elle mûrit, et est difficile à récolter.Voilà tout.
Avec quelque peine qu'on prendrait, l'ortie serait utile ; on la néglige, elle devient nuisible.Alors on la tue.
Que d'hommes ressemblent à l'ortie ! - Il ajouta après un silence : Mes amis, retenez ceci, il n'y a ni mauvaises herbes, ni mauvais hommes. Il n'y a que de mauvais cultivateurs. »
Extrait de Victor Hugo, Les Misérables, 1862. (Première partie : Fantine, Livre V : La descente, Chapitre 3 : Sommes déposées chez Lafitte).
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